Le grand vainqueur de la destitution de Dilma Rousseff est Eduardo Cunha, ex-président de la chambre, évangélique croyant tellement aux paradis qu'il avait partagé sa fortune entre Suisse et Panama.

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Inculpé dans l'affaire Petrobras, il aurait voulu que Dilma le protège des enquêtes en cours, et avait annoncé qu'en cas de refus, il ne tomberait pas tout seul.

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"Tout le monde a peur de Cunha," cite Claire Gâtinois dans son article du Monde.
"S'il y avait un code de conduite des maffieux, le Brésil serait hors-normes". dit un journaliste brésilien à son propos.

Il menait une vie de nabab entre grands hôtels internationaux et boutiques de luxe avec sa femme et sa fille, ce qui leur vaut d'être également inculpées. Son épouse, journaliste, est employée de Cunha dans plusieurs entreprises dont jesus.com (ça ne s'invente pas). Dans l'enquête menée par le Procureur Général de la République, elle paraît faire bon usage de l'argent des comptes secrets : Porsche Cayenne, leçons de tennis de Maria Sharapova et des soeurs Williams en Floride, frais de MBA pour la fille en Espagne et à la Malvern School au Royaume-uni.

Il a toujours nié avoir de l'argent à l'étranger. Quand ses comptes ont été découverts en Suisse, puis au Panama, il démissionne de la présidence de la chambre des députés (seulement de la présidence). On lui attribue alors un nouveau luxueux logement de fonction.
Écarté de la présidence, il crée un bloc de 200 députés issus de 13 partis politiques (le Brésil en a trois fois ça), et impose à Michel Temer la composition de son gouvernement. Celui-ci ne voulait pas intégrer six justiciables du Tribunal Fédéral Suprême (pour détournements, corruption passive et active et tentative d'homicide), mais a dû céder.

Au Brésil, c'est lui qui a tiré les ficelles de la procédure de destitution de la présidente depuis le début. Cunha a récemment obligé l'intraitable juge Moro à rendre à son épouse le passeport qui lui avait été retiré. Temer ne prend pas une décision sans le consulter. Après avoir usé de toutes les procédures pour ralentir la justice au conseil d'éthique de la chambre, puis maintenant au plenum, il a menacé clairement ceux qui lui feraient du tort, en disant que 117 d'entre eux étaient exposés (Il a ensuite nié toute menace).

Fait nouveau, la Globo ne le soutient plus, mais bien qu'affaibli, Cunha est encore très craint. Temer a voulu anticiper le procès de Dilma Rousseff pour que tout soit terminé avant que ne commence celui de sa cassation de mandat.

Sources :

Le Monde du 6 oct 2015
El Pais Brasil du 16 oct 2015
RFI du 4 avr 2016
UOL du 21 juil 2016
Brasil247 du 20 mai 2016