On attendait un carnaval de Rio terne, le nouveau maire évangélique ayant exprimé son aversion pour ce spectacle et diminué de moitié les crédits.

C'est le contraire qui s'est produit. Des défilés brillants et inventifs, de haut niveau.
L'école qui a sans aucun conteste fait l'événement est le 'Paraiso do Tuiuti', dont le défilé a replacé les événements récents dans l'histoire du Brésil.
Le spectacle commençait par les esclaves enchaînés,
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puis montrait la misère des travailleurs ruraux, représentait les manifestations de 2015 par des acteurs marionnettes actionnés par de grandes mains.






 









Il continuait en montrant l'abolition récente de la relative sécurité que leur donnait depuis 1932 la carte de travail, "carteira de trabalho", avec une carte de travail géante sur un char et des danseurs brandissant une carte comme un bouclier.



Tout en haut d'un char était le président Michel Temer habillé de dollars en "vampirio do neoliberalismo".
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Le spectacle a été ovationné, un sondage UOL à chaud le donnant vainqueur à 80 %.
Il remportera le prix de création "Tamborim de oro" et le trophée de la "Comissão Sensação", meilleure intrigue et Samba de l'année.
Il sera vice-champion de l'année.

Le défilé du Tuiuti a fait la une de nombreux journaux internationaux.

Comme tous les ans, le spectacle est montré et commenté en direct sur la toute puissante TV Globo. Les journalistes de la chaîne mal à l'aise ont fait des commentaires gênés, parlant d'une "allégorie de l'injustice", ou décrivant la nature du tissu des costumes. Plus tard, au journal, ce défilé a eu droit à un temps d'antenne plus bref que les autres.

Le Monde, par sa correspondante permanente, a titré sur "Le carnaval de Rio retrouve sa verve politique. Marcelo Crivella, le maire évangélique de la ville, est vilipendé pour son puritanisme moral." Le spectacle du Tuiuti n'est pas mentionné. Une phrase évoque sobrement le "carnaval, célébration de l’irrévérence et de la frivolité".

TV Globo, le soutien inconditionnel de la dictature et protagoniste actif de la chute de Dilma Rousseff, et Le Monde qui a soutenu cette destitution, ont parfois des difficultés communes à couvrir l'événement.

Le spectacle du Paraiso du Tuiuti en version intégrale : cliquer ici