L'arrestation de Lula que l'on attendait en juin, puis pour la fête nationale le 7 septembre, semble repoussée. Pourtant, la sentence semble irrémédiable (voir l'intervention de Geoffrey Robertson, chargé de la défense de Lula par l'ONU).
Lula, que l'on décrivait abattu par les accusations et le décès de sa femme, a fait une tournée triomphale dans le Nordeste brésilien, et, largement en tête dans les sondages, dominerait n'importe quel adversaire.


Simultanément, ses accusateurs jouent à l'arroseur arrosé.



  • Des d'informations indiquent que le juge Moro faisait payer des indulgences dans le procès Petrobras, par des fonds de l'entreprise, lavés au Panama et parvenant à son épouse. Un des intermédiaires serait en train d'écrire en Espagne un livre de révélations dont des extraits fuitent. Madame Moro est par ailleurs impliquée dans une arnaque à l'enfance handicapée. L'image de l'"Eliott Ness brésilien" en sort sérieusement écornée. Le film à sa gloire qui devait accompagner l'arrestation de Lula n'a pas l'audience espérée, et fait plutôt un flop. Comble de souci, le principal sponsor du film, le roi de la pâte à papier brésilien, est incarcéré pour déforestation à grande échelle de zone protégée. Enfin, l'ex Procureur Général de la République, Rodrigo Janot a divulgué à la fin de son mandat un document dans lequel il reproche au juge Moro d'avoir falsifié des preuves.
  • Le procureur Dallagnol, dont le powerpoint mettait Lula au centre d'un schéma d'une escroquerie, sans aucun autre élément, est accusé d'avoir financé sur fonds publics de nombreux voyages privés, et de bénéficier d'invitations à donner des conférences grassement payées. 


C'est dans ce contexte que les militaires ont jugé utile de se manifester. Le général de l'Etat-Major Mourão a déclaré publiquement que si la justice ne résolvait pas les problèmes du pays, les militaires devraient s'en charger.

Ce général avait déjà appelé les militaires à prendre le pouvoir du temps de Dilma Rousseff. Il avait alors été écarté de ses fonctions par le général Eduardo Villas Boas, sur demande du ministre de la défense.


Plus grave, le président n'a pas réagi, mais son ministre des armées a demandé officiellement une punition du militaire. La réponse du général Eduardo Villas Boas a été sans appel :
  • Il n'y aura pas de punition
  • "Si la situation l'exige, les militaires sont prêts à prendre les responsabilités que leur confère la constitution."
Outre que cette rebuffade souligne le manque d'autorité du pouvoir actuel, les avis sont partagés sur le risque de dictature. Dans la presse de gauche, Fernando Brito n'y croit pas. Lula, lui, se dit "préoccupé".
Selon très droitier "O Antagonista", le général Mourão a voulu lancer un avertissement aux juges qui s'apprêteraient à innocenter Lula, et donc à lui permettre d'être candidat.

Une dernière nouvelle étonne : un ancien ministre de Lula et Dilma Rousseff quitte le PCdoB (Partido comunista do Brasil) pour s'affilier au PSB (Partido socialista do Brasil). Le PSB n'est guère plus socialiste que le PCdoB n'est communiste, et le nomadisme politique est courant. Mais quel rapport avec les militaires ? Selon un journaliste généralement bien informé, c'est la condition qu'ils ont imposée pour qu'il soit vice-président, quand Temer sera tombé et remplacé par son actuel vice-président. Tout aurait été négocié entre la Globo et eux. Pauvre Brésil !