Le juge Moro a condamné Lula à la prison ferme, à une amende, et à une spectaculaire "indemnisation de la société Petrobras".
La condamnation s'appuie sur la dénonciation d'un corrompu arrêté, après des affirmations contradictoires, mais aucun document. Ces faits sont relatés dans quatre articles anonymes dans Le Monde des 12 et 13 juillet, et du 19 juillet titrant : la justice bloque des comptes et saisit des biens de l’ex-président Lula".

L'article des "Décodeurs" du Monde du 13/07 est illustré d'une photographie de manifestants portant une poupée de Lula en camisole de prisonnier. Quelles sont les bases de cette condamnation ? L'article mentionne les affaires de corruption, mais le lecteur de trouvera pas d'élément sur le rôle qu'y aurait joué Lula.

Il faut se reporter à un article de l'Alliance Progressiste pour en savoir davantage (l' Alliance Progressiste est composée entre autres des partis travaillistes anglais et australien, du parti démocrate américain, du SPD allemand, des parti socialistes français et belges, voir sa composition complète) L'article est intitulé : "Condamnation de Lula: qui ou qu’est-ce qui est corrompu au Brésil ?" :

Les accusations, la ligne d’argumentation et les raisons du jugement sont très contestables parce que personne ne peut être condamné uniquement sur la base de dénonciations qui n’ont pas fait l’objet de preuves. Elles doivent être replacées dans le contexte de l’extrême polarisation politique et de l’alarmante politisation du système judiciaire au Brésil. Les doutes concernant l’impartialité de certaines parties du système judiciaire, y compris du juge Sergio Moro, n’ont pas été soulevés sans raison. Ses positions biaisées et les attaques permanentes ainsi que le discrédit jeté sur Lula dans les média brésiliens créent une atmosphère de préjugés. Dans de telles circonstances, il est quasiment impossible de parler d’équité des procédures.


Il termine par ces phrases :

Pendant son mandat en tant que président, Lula da Silva a fait progresser le Brésil. Il a redynamisé le projet du Parti socialiste progressiste. Il est intervenu de manière décisive dans la lutte contre la faim, la pauvreté et la discrimination au Brésil et il a réduit les grandes inégalités sociales. Il a permis au Brésil d’avoir une voix à l’échelle internationale sur le plan du multilatéralisme, de la paix et de la justice. Nous avons besoin de retrouver un Brésil fort et progressiste – sous le leadership de Lula da Silva et du Parti des travailleurs.



La conférence nationale des évêques brésiliens (CNBB) s'est également insurgée contre cette décision :

Le corps judiciaire, tant de fois révélé comme une "oasis de la république", malheureusement, dans certaines occasions, se laisse contaminer par des intérêts non-républicains, perdant ainsi la sécurité juridique nécessaire (O judiciário, que muitas vezes tem se revelado um "Oásis" da República, infelizmente, em algumas sentenças, deixa-se contagiar por interesses não republicanos, perdendo-se assim a necessária segurança jurídica.).



On trouvera une autre analyse critique sur le site de l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) sous la plume de Jean-Jacques Kourliandsky, qui rappelle les infractions à la loi du juge Moro au cours de ces procédures.

Accessoirement - mais cela l’est-il vraiment l’esprit des lois ? - de la morale collective, la déontologie de l’information a été gravement remise en question avec la complicité active de juges, de journalistes et d’élus, ainsi que de députés et sénateurs [...]. Ses biens modestes [...] lui ont été retirés par une justice de classe.

Un mouvement international s'est créé pour la défense de Lula, et propose un site en 5 langues.

Héritier de la tradition coloniale ibérique du Saint-Office (de l’Inquisition), le système judiciaire le Brésil permet dans la plupart des cas de condamner l’accusé: le juge d’instruction, qui préside et supervise l’enquête des procureurs et de la police, est aussi le juge de première instance, celui qui juge l’accusé. Au sein de ce système (aujourd’hui rejeté dans la plupart des pays démocratiques, y compris au Portugal) le juge Sergio Moro a condamné l’ancien président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, pour corruption passive et blanchiment d’argent. […] Cette condamnation fausse et illégale exige que tous les démocrates du monde la dénoncent et demandent qu’elle soit annulée, et demandent son examen par les tribunaux et organismes internationaux, en particulier le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies, à Genève, devant laquelle l’affaire a déjà été soulevée. Le Haut Commissaire des Nations Unies a accepté de l’examiner dans son ordre du jour.



Sources :

Le Monde, articles du 12 juillet, du 13 juillet, "Les Décodeurs" du 13 juillet, article du 19 juillet.
Texte de l'Alliance Progressiste du 18/07/2017
: (en Espagnol)
Article de Jean-Jacques Kourliandsky sur le site de l'IRIS
Position de la conférence des évêques brésiliens (CNBB) sur le Brasil 247 du 31/07/2017