Les grandes manifestations contre Dilma Rousseff en 2015 financées par des groupes économiques elles ont révélé des passions violentes profondes de la société brésilienne, à la surprise de nombreux observateurs.

L'histoire du Brésil, contrairement à celle d'autres pays latino américains, a été écrite par ses élites. L'indépendance, par un roi qui voulait s'affranchir du Portugal, l'abolition de l'esclavage par la princesse Isabel, et la République par les riches propriétaires. La dictature militaire, entre 1985 et 1989, s'était mise en place avec peu de morts (la période la plus dure est venue après), et s'est éteinte progressivement et sans procèsi.

L'élection de Lula en 2002 et 2006, et peut-être encore davantage sa consécration internationale contre la faim (2004) et au G20 (l'homme politique le plus populaire du monde, selon Obama en 2009)ii ont activé des rancoeurs de cette élite qui s'est sentie écartée de du pouvoir qui lui est si naturel. L'augmentation des dépenses sociales a été la cible particulière des manifestations de 2015, symbolisée dans les manifestations par le canard gonflable ("payer le canard", équivaut à "régler l'addition", ou les "payer les violons du bal") de l'Union Patronale de São Paulo. L'aide alimentaire, bolsa familia (bourse famille) était appelée bolsa preguiça (bourse paresse).

On a vu s'exprimer la revendication des états riches de ne pas payer pour les pauvres, et à l'intérieur de chaque état, un véritable "racisme de classe" du mépris des pauvres. Dans les manifestations un appel au retour de la dictature  révèle l'apparition d'une extrême-droite dure.

L'éviction de Dilma Rousseff a donné à la chambre des députés, généralement issus de l'oligarchie traditionnelle, l'occasion d'un grand défoulement, une revanche longtemps attendue.

Avec cette revanche de l'oligarchie, on a vu une explosion du racisme, de l'homophobie, et du machisme illustrée par des faits divers révélateurs.





Avec l'accident vasculaire cérébral de l'épouse de Lula, cette haine s'est clairement exprimée sur la toile par de nombreux appels à son agonie, avec souffrances pour certains, et des manifestations devant l'hôpital où elle lutte contre la mort.


On peut rappeler que Marisa Letícia de Oliveira, l'épouse de Lula, avait été accusée par le juge Moro d'être propriétaire d'un triplex de luxe issu de la corruption. Les accusations ont été contredites par des témoins et clos par la police fédérale qui a définitivement innocenté Lula. La chaîne Globo qui avait inventé cette accusation a discrètement reconnu son "erreur" (Le Monde, qui reprenait les accusations de la Globo n'a publié aucun démenti).

Il n'est pas interdit de penser que le harcèlement de Lula par  la justice et la presse n'est pas sans lien avec l'AVC de Marisa Letícia de Oliveira, ni avec les mouvements de haine que l'on observe aujourd'hui. Alors qu'il est au chevet de sa compgne, un policier rend public que l'incarcération de Lula serait proche, peut-être 30 jours.
Dès l'hospitalisation, un journaliste publiait sur internet la photo de sa tomographie au nom de la vérité, avec un sourire hilare et accompagnée de commentaires insultants.
Des internautes ont ressorti une photo dans laquelle il semble partager une communauté avec le juge Moro.Tognoli_Moro.jpg


Notes :

i Juste une commission établissant les faits sous l'insistance de Dilma Rousseff et contre forte opposition politique.

ii "Entre l’ère Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) et l’ère Lula (2003-2010), le Brésil est ainsi passé d’une ambition internationale discrète à une ambition assumée" Frédéric Louault, LE G20 ET LA DIPLOMATIE COMMERCIALE DU BRESIL

(modifié le 2/02/2017)